LA GUIRLANDE DU PUGET

Pour la famille Timon Lepidus, ce soir du 15 décembre 2018 est à marquer d’une pierre blanche. De mémoire de lézards ocellés (c’est leur nom francisé), jamais spectacle plus fascinant n’avait été offert à leurs yeux oscillants et globuleux.

 

Que se passait-il ? Ce spectacle était-il le fruit de la révolte menée, sauriens en tête, depuis quelques semaines contre la surprotection excessive dont la faune du parc national des Calanques fait l’objet ? Le slogan « Parc-national-des-calanques ! On-veut-des-saltimbanques » scandé plus tôt par les tarentes, croassé par les grands corbeaux, sifflé par les couleuvres, crié par l’aigle de Bonelli et vagi par les lézards, était-il arrivé jusqu’aux oreilles du ministère parisien de l‘environnement ? Ceci étant dit pour autant que les lézards vagissent, ce qui m’étonnerait, et étant observé au passage que pour trouver une rime en « anque » il faut s’accrocher autant qu'un lézard cherchant à escalader une paroi verticale.

 

Certes, au début en tous cas, ce spectacle a pas mal intrigué la famille Lepidus. Mettez-vous en effet un instant dans la peau d’un lézard (pour ceux d’entre vous qui ont des chaussures en cette matière cela sera facile, et je profite de l’occasion pour leur conseiller précisément, pour leur prochaine paire, une peau de lézard ocellé dont les tons sont particulièrement chatoyants). Et imaginez-vous donc, dans la nuit noire, voir fondre sur vous une colonne de cyclopes tressautants et à l’œil luminescent. Il y avait de quoi se faire des écailles blanches.

Mais très vite toute crainte se dissipa devant la féérie qui se dégageait de cette rencontre du troisième type ! Une magnifique guirlande, lumineuse et joyeuse, prit forme progressivement, partant du parking Kedge de Luminy, empruntant le col de Sugitton et s’étirant sur les contreforts du Mont Puget, toute parsemée de lucioles colorées qui en soulignaient les pleins et déliés et, au besoin, les bifurcations.

 

Bon ! Rassurez-vous je ne vais pas vous faire tout le Post dans la peau d’un lézard. Par 3 ° Celsius ce n‘est finalement pas très confortable.

 

Notons simplement que toute la magie de Noël était au rendez-vous, que le temps suspendit son vol, et que les heures propices suspendirent leurs cours, nous laissant ainsi savourer les rapides délices des plus beaux de nos jours. Et ce n’est pas la Martine qui me contredira.

 

Mais si le vol du temps fut bien suspendu, tel ne fut pas le cas de celui de Tatiana, de type plané, qui, crochetée au détour d’une circonvolution guirlandesque par la racine d’un pin dont elle se prit ensuite le tronc en pleine face, nous offrit ainsi une magnifique bûche de Noël. Plus de mal que de peur, mais heureusement vite soigné par une bonne dose d’arnica administrée par notre Néfé nationale.

 

Finalement les 35 lucioles se regroupèrent autour du vin chaud au zeste d’orange et savamment épicé par Dune et Antoine. Et quand les frontales s’éteignirent, on aperçut une étrange lueur étincelante qui continuait de briller dans les yeux des runners noctambules. Elle semblait dire : « on reviendra l’an prochain et encore plus nombreux : vive la Guirlande du Puget ».

 

La bise et merci au papa d’Alexy, pour son reportage photo.